TABLE RONDE SUR LA PLACE DE LA FEMME BURUNDAISE DANS LES STRUCTURES DE PRISE DE DECISIONS
Le Programme d'action de Beijing affirme que les femmes ont le même droit que les hommes de participer à la gestion des affaires publiques et peuvent contribuer à redéfinir les priorités politiques et à inscrire dans les programmes politiques. Aujourd'hui, au Burundi, le nombre de femmes occupant des fonctions publiques est plus ou moins considérable par rapport aux années passées, il convient de maintenir cette tendance car plus de femmes dans des positions décisionnelles aideront à renforcer les politiques et la législation en faveur d'une vraie égalité des sexes même si des défis persistent encore pour l’amélioration de la situation des femmes burundaises.
APDH se borne toujours sur ces circonstances pour mener ses actions dans ces domaines en promouvant des échanges et des discussions en la matière qui stimulent un développement holistique. Cette table ronde qui a eu lieu le 31 Mars 2021 s’inscrit dans cette perspective. Des membres et le personnel de l’APDH aux représentants des groupements religieux, des représentants des parties politiques au Forum National des Femmes, des membres du CDFC aux administratifs communaux, des conseillers du gouverneur aux représentants des groupements locaux tous avaient répondus présents à ce rendez-vous.
La présentatrice est d’abord revenue sur les textes des lois du Burundi sur l’égalité des personnes et la représentativité de la femme qui, avec lacunes, est limitée sur les chiffres de représentations dans l’assemblée nationale et le sénat. Elle est aussi revenue sur la résolution 1325 de l’ONU en matière de représentativité à laquelle le Burundi a adhéré. Des exemples ont été évoqués sur le taux de représentativité : 37,4 % au niveau de l’Assemblée Nationale, au niveau des ministères, sur 18 gouverneurs, seuls 3 sont des femmes, 34,45 % au niveau de l’administration communale. Dans le décret le plus récent portant nomination des grands cadres, il n y a que 39 % de représentativité de la femme. Au niveau des directions scolaires, le taux de représentativité est aussi très bas, 15,2 % dans le système d’éducation en province Ngozi. Sur le taux de représentativité en province de Ngozi dans les structures politiques communaux, la représentante du forum des femmes a aussi donné quelques chiffres sur lesquels les participants ont débattu.
Les participants ont eu l’occasion de s’exprimer. Certains trouvent que les femmes sont elles-mêmes à la base du bas taux de représentativité et qu’elles doivent faire plus dans leurs réclamations et actions tandis que d’autres trouvent que cela est dû à l’incompréhension et le non-respect des droits humais étant donnes que femmes et hommes sont tous avant tout des êtres humains. D’autres estiment que le manque de moyens pour les postes qui en nécessitent fait que les femmes soient découragées de se présenter ou se faire élire. Tous ont néanmoins évoqué les entraves liés aux stéréotypes culturels qui empêchent les femmes d’agir spontanément. Les autres ont évoqué le fait que les femmes au Burundi n’aiment pas élire les femmes comme elles, qu’elles doivent d’abord développer l’esprit d’amour propre.
Les femmes qui ont antérieurement occupé des postes politiques dans les structures de prise des décisions ont partagé leurs expériences et sont beaucoup plus revenues sur les grandes qualités que doivent incarner les femmes leaders : estime de soi, travailler avec dévouement, et l’esprit d’humanité et de proximité avec leurs sujets (selon une femme et ancien membre de l’Assemblée Nationale). Une autre femme, très récemment administrateur de la commune Gashikanwa a témoigné de la nécessite d’avoir et de nourrir la volonté de se faire élire pour représenter les autres en tant que femme même si cela se révèle presque toujours difficile. Elle déplore le fait que parmi les gens qui prédisaient qu’elle ne sera pas capable de gouverner, il y avait des femmes qui pensaient de même et ne voulaient pas la soutenir plutôt. Pour elle, la patience, la collaboration et la persistance sont cruciales, et la prière doit être l’arme pour mieux servir en tant que femme dans cette société Burundaise. Elle a terminé en encourageant les jeunes femmes pour qu’elles comprennent qu’elles sont vraiment capables de ce que les hommes font et aux hommes d’aider dans ce cheminement mais avec bonne foi.
Les recommandations des participants sont entre autres, l’accompagnement des femmes pour qu’elles s’impliquent de plus en plus et se fassent élire et représenter, plaider en leur faveur pour que les dirigeants prennent en considération la cause et la mise en place de leurs structures représentatives (là où elles n’existent pas, surtout au niveau des collines) et étendre ou renforcer des lois de mise en application de la représentativité (là ou elles existent déjà). Les participants recommandent aussi de sensibiliser les hommes sur l’éradication des stéréotypes qui les font bloquer l’avancement de la cause dans la société, car selon les témoignages d’une des administrateurs communaux en exercice, les collines dirigées par les femmes sont de plus en plus modèles.